EPS : Comment adapter son enseignement aux enfants papillon ?

L’EPS, l’enseignement du sport, et les enfants papillon : comment allier les deux ? Faisons le point ensemble.

C’est une véritable question qui pose souvent problème à l’enseignant. Comment adapter son enseignement d’EPS aux élèves à besoins éducatifs particuliers comme les enfants papillons sans les mettre en danger… Et il est vrai que, bien souvent, il est plus facile de proscrire l’activité que de l’adapter. Force est de constater que l’enseignant a rarement été formé à ces pratiques sans parler de la diversité des restrictions qui rendent dès lors l’adaptation complexe.

Or, les APSA (activités physiques, sportives et artistiques), à condition qu’elles soient adaptées, produisent des bienfaits importants sur la santé des jeunes malades sur le plan organique : développement psychomoteur, respiratoire, lutte contre certains effets de la pathologie, comme l’inflammation dans le cas de l’épidermolyse bulleuse ou encore les rétractions articulaires. En outre, les jeunes ont une meilleure image d’eux-mêmes, une plus grande confiance en eux, ce qui peut améliorer leur tolérance à la maladie. Les APSA favorisent les relations avec les autres et l’inclusion dans un groupe de pairs. Ce sont des facteurs essentiels de lutte contre l’exclusion pour les élèves à besoins éducatifs particuliers.

EPS et enfants papillon : Distinguer « Inaptitude » et « Dispense »

L’éducation physique et sportive est une discipline d’enseignement obligatoire « dispensée dans les écoles maternelles et élémentaires et dans les établissements d’enseignement du second degré et d’enseignement technique » (article L312-3 du code de l’éducation). Pour les élèves ayant des BEP, les programmes de collège (BOEN spécial n°6 du 28 août 2008), de la voie professionnelle (BOEN spécial n°2 du 19 février 2009) et du lycée général et technologique (BOEN spécial n° 4 du 29 avril 2010) précisent au chapitre « l’accueil des élèves en situation de handicap, inaptes partiels ou à besoins éducatifs particuliers » : « L’enseignant dispose de toute latitude pour adapter son enseignement, les situations d’apprentissage, les rôles distribués, les outils utilisés, les évaluations aux possibilités et ressources réelles des élèves. »

La circulaire 90-107 du 17 mai 1990 parue au BOEN n°25 du 21 juin 1990 précise que « Les nouvelles dispositions réglementaires, en ne prévoyant aucune obligation de contrôle médical préalable en matière d’éducation physique et sportive, retiennent le principe de l’aptitude a priori de tous les élèves à suivre l’enseignement de cette discipline ». De plus, « lorsque l’aptitude paraît devoir être mise en cause, l’élève subit un examen pratiqué par un médecin choisi par la famille ou par le médecin de santé scolaire dans le cadre de sa mission. Si le médecin constate des contre-indications, il établit un certificat médical justifiant l’inaptitude. Ce certificat doit indiquer le caractère total ou partiel de l’inaptitude ainsi que la durée de sa validité. Il ne peut avoir d’effet que pour l’année scolaire en cours ».

On différencie :

– Les inaptitudes temporaires, limitées dans le temps et faisant souvent suite à des accidents, traumatismes ou pathologies aigües.

– Les inaptitudes partielles correspondant à des incapacités à supporter un type d’effort, à réaliser des mouvements particuliers, à pratiquer dans certains environnements (grande hauteur, milieu aquatique…)

– L’inaptitude totale, incapacité complète d’un élève à pouvoir réaliser une quelconque activité motrice, y compris avec aménagement pédagogique.

Les inaptitudes résultent donc d’un diagnostic et relèvent de la compétence d’un médecin.

Souffrant d’épidermolyse bulleuse, l’élève ne peut pas pratiquer la même activité sportive que ses camarades, mais peut rester au sein de sa classe. Plusieurs situations sont possibles :

– Activité différente dans le même domaine de compétence : l’élève, qui éprouve des difficultés pour courir, se verra proposer une épreuve de marche sportive. Autre exemple : la classe pratique un cycle « Combat » ; pour éviter les contacts physiques et les chocs, qu’il s’agisse d’activités de percussion (karaté, boxe…) ou de préhension (judo, lutte…), on peut penser aux formes chorégraphiées (les katas en arts martiaux : un kata est un terme japonais pour désigner une forme dans les arts martiaux, un ensemble de mouvements coordonnés et codifiés) et aux formes de combat en « shadow » (devant un adversaire invisible, devant un partenaire-mannequin ou devant la glace).

– Activité dans un autre domaine de compétence : toujours concernant un cycle « Combat », l’enseignant peut aussi proposer un programme individualisé de musculation, de stretching postural que l’élève concerné pratiquera de manière autonome à côté du groupe. Il travaillera alors un autre domaine de compétence (« Gestion de sa vie physique et entretien de soi » au lieu de « S’opposer et coopérer »). Cet élève pourra faire les échauffements avec les autres (en les adaptant à ses possibilités) ainsi que la relaxation et le retour au calme, proposés en fin de cours.

– Tâches motrices proposées non accessibles à un élève à BEP (Besoins Educatifs Particuliers) : lui proposer des tâches d’observation, d’arbitrage, d’assurage, de chronométrage (avec relevé, calcul et analyse de temps), d’observation instrumentée (vidéo, statistique, tactique), de secrétariat, d’organisation (d’un tournoi par exemple) qui sont très formatrices et qui permettent à l’élève de demeurer inclus dans le groupe. Ces activités correspondent aux différentes facettes des rôles à tenir au sein de la classe ou d’une association sportive.

EPS et enfant papillon : il est nécessaire de penser l’enseignement de la pratique sportive autrement. Il ne faut plus regarder les élèves en termes d’inaptitudes, mais bien considérer leurs aptitudes pour pouvoir mieux les développer.

Article extrait du site tousalecole.

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