Les épidermolyses bulleuses héréditaires (EBH) constituent un groupe hétérogène de maladies génétiques caractérisées par une fragilité excessive de la peau et parfois des muqueuses (lèvres, intérieur de la bouche…). Cette fragilité conduit à des décollements cutanés ou muqueux (formation de bulles) et très souvent à des plaies.
Elles sont classées en trois groupes, selon la couche de la peau concernée par le décollement, des plus superficielles aux plus profondes.
Les différentes formes de l’épidermolyse bulleuse
les épidermolyses bulleuses simples (EBS) ou épidermolytiques sont les formes les plus fréquentes et généralement les moins sévères. Elles peuvent être localisées à une partie du corps ou généralisées;
– les épidermolyses bulleuses jonctionnelles (EBJ), ou lucidolytiques. Cette forme d’EB entraîne des troubles comme la perte des cheveux, des dents et des ongles. Dans les cas d’EBJ très sévère, des bulles se forment dans le larynx et les voies respiratoires.
– les épidermolyses bulleuses dystrophiques ou dermolytiques (EBD), réparties en formes récessives et formes dominantes (ces termes font référence au mode de transmission de la maladie)
– le syndrome de Kindler, aussi connu sous le nom de poïkilodermie de Kindler, est considéré comme une forme d’épidermolyse bulleuse différente des trois groupes présentés ci-dessus.
Bien que d’origines différentes, ces maladies ont de nombreux points communs en ce qui concerne leurs signes visibles, leurs conséquences sur la vie quotidienne et les soins qui peuvent y être apportés.
La sévérité de la pathologie est très variable, allant de formes localisées permettant une vie quasi normale à des formes rapidement létales.
Caractéristiques cliniques
La prévalence (nombre de cas dans une population donnée à un moment précis) de l’ensemble des EBH est estimée entre 1 cas sur 50 000 personnes et 1 sur 20 000, avec probablement des différences selon les zones géographiques.
En France, il y aurait environ 100 nouveaux cas par an (incidence annuelle).
Parmi l’ensemble des épidermolyses bulleuses héréditaires :
– plus de la moitié sont des épidermolyses bulleuses simples et, parmi elles, environ 2 sur 3 sont localisées ;
– près de 25 % sont des épidermolyses bulleuses dystrophiques, avec à peu près autant de formes dominantes que de formes récessives (les plus sévères) ;
– près de 5 % sont des épidermolyses bulleuses jonctionnelles ; dans ce sous-groupe, près de 80 % des malades sont atteints de la forme la moins sévère ;
– environ 10 % des personnes atteintes ont une maladie qu’il n’est pas possible de classer dans l’un ou l’autre de ces groupes.
Les épidermolyses bulleuses héréditaires touchent indifféremment les filles et les garçons? Parfois dès le plus jeune âge.
Les épidermolyses bulleuses héréditaires sont des affections d’origine génétique dues à l’altération (mutation) de différents gènes. Les gènes sont des morceaux d’ADN (la substance qui constitue les chromosomes) qui contiennent le « code » qui donne les instructions à la cellule pour produire les protéines.
Vingt trois gènes dont la mutation est responsable d’une épidermolyse bulleuse héréditaire, ont été identifiés à ce jour.
Consulter la classification des épidermolyses bulleuses héréditaires
La fragilité de la peau et des muqueuses des personnes atteintes est due au fait que ces gènes sont nécessaires à la fabrication de protéines qui assurent la cohésion entre les différentes couches qui constituent la peau et les muqueuses
Les manifestations et la sévérité sont très variables d’une forme à l’autre ; de plus, pour une même forme de la maladie, elles peuvent aussi être variables d’une personne à l’autre, y compris au sein d’une même famille. Ainsi, tous les malades ne présentent pas forcément la totalité des manifestations décrites ci-dessous et peuvent les présenter à des degrés de sévérité différents.
1.Les bulles cutanées (ou décollements bulleux cutanés)
La peau des personnes atteintes est très fragile. Cela entraîne l’apparition de bulles (ou décollements bulleux), qui ressemblent à des «ampoules» ou à des cloques, comme après une brûlure. Leur nombre et leur taille sont très variables, de quelques millimètres de diamètre à plusieurs centimètres. Le liquide qu’elles contiennent est en général clair, transparent. Il peut aussi être rouge s’il contient du sang (liquide hémorragique).
Les bulles peuvent se former seulement sur certaines zones du corps (formes localisées) ou apparaître n’importe où sur le corps (formes généralisées). Les mains et les pieds sont souvent atteints. Les bulles sont le plus souvent provoquées par des chocs ou des frottements (vêtements, couches, chaussures, siège…) mais apparaissent parfois spontanément. La formation de bulles peut être favorisée par la chaleur.
2.Atteinte des muqueuses
Dans les formes simples généralisées, les formes jonctionnelles et la plupart des formes dystrophiques, notamment récessives, des bulles peuvent aussi apparaître sur certaines muqueuses (couches de cellules qui tapissent l’intérieur des organes en contact avec l’extérieur). La bouche, le larynx (partie haute des voies respiratoires), l’oesophage (partie du tube digestif qui relie la bouche à l’estomac), l’anus, le vagin et, plus rarement, l’oeil peuvent être touchés. Les bulles muqueuses sont très souvent douloureuses et peuvent être à l’origine de difficultés à s’alimenter et à respirer.