Le processus de blessure et de cicatrisation permanente de l’épidermolyse bulleuse (EB) demande une énergie considérable au corps, ce qui rend les personnes atteintes particulièrement sujettes à la fatigue chronique. Dans ce contexte, le sommeil, souvent perturbé par les douleurs et les inconforts liés à l’EB, devient un enjeu central pour le bien-être physique et mental.
Chez les patients EB, le corps est constamment mobilisé pour réparer les tissus abîmés, ce qui entame considérablement les réserves énergétiques. L’inflammation, qui concerne toutes les plaies des EBH mais aussi l’ensemble de l’organisme dans les formes sévères de l’EBH , est un facteur également déterminant de la fatigue. Cette dernière peut aussi être aggravée par un syndrome dépressif surajouté. La fatigue ne résulte donc pas seulement des activités de la journée, mais également d’un travail physiologique constant. Cette fatigue chronique n’est pas simplement de la somnolence : elle s’accompagne d’un épuisement profond, d’une perte de motivation, d’irritabilité, et d’une capacité limitée à accomplir les tâches quotidiennes.
Le sommeil, en temps normal, permettrait à l’organisme de récupérer cette énergie. Or, les douleurs nocturnes, les démangeaisons, les suées excessives et l’anxiété entravent un repos réparateur. Ainsi se crée un cercle vicieux : la fatigue aggrave les douleurs, qui empêchent de dormir, et l’insuffisance de sommeil accentue encore l’épuisement.
L’un des facteurs aggravants de la fatigue dans les formes sévères d’EB est l’anémie, très fréquente. Celle-ci peut être causée par :
Les symptômes associés à cette anémie – perte d’appétit, amaigrissement, immunité réduite – contribuent à l’épuisement général. Une prise en charge nutritionnelle adaptée est donc essentielle pour restaurer l’équilibre énergétique et favoriser un meilleur sommeil.
Un sommeil réparateur est un allié indispensable dans la lutte contre la fatigue. Pour les personnes atteintes d’EB, quelques aménagements spécifiques peuvent considérablement améliorer la qualité de leurs nuits :
La gestion de l’énergie par étape est l’une des stratégies les plus efficaces pour les personnes vivant avec l’EB. Il s’agit de répartir ses activités sur la journée en alternant tâches exigeantes et moments de repos, afin d’éviter le « cycle boom and bust » : suractivité suivie d’un effondrement énergétique.
Voici quelques recommandations pratiques :
Les thérapeutes occupationnels peuvent accompagner les patients en leur proposant des aides techniques, des adaptations à domicile ou à l’école, et des conseils pour simplifier les gestes du quotidien. Leur rôle est crucial pour permettre aux enfants et adultes atteints d’EB de préserver une certaine autonomie sans s’épuiser.
Pour améliorer la qualité de vie des patients EB, une approche pluridisciplinaire est essentielle :
Au final, dans la gestion quotidienne de l’épidermolyse bulleuse, le sommeil n’est pas un luxe, mais une nécessité thérapeutique. Il ne s’agit pas simplement de dormir plus, mais de mieux dormir malgré les douleurs, les soins et l’inconfort. Avec un accompagnement adapté, des aménagements ciblés et une écoute bienveillante, les personnes atteintes d’EB peuvent retrouver un rythme plus stable, réduire leur fatigue chronique et améliorer significativement leur qualité de vie. Car bien dormir, pour ces patients, c’est aussi mieux guérir.
Sources
- Fatigue management and pacing: Information leaflet for families, children and young people with epidermolysis bullosa, Birmingham Women’s and Children’s Hospital, NHS Foundation Trust
- Sleep quality and disturbances in patients with dystrophic epidermolysis bullosa, Giulio Fortuna, Massimo Aria, Sarah Whitmire, Rodrigo Cepeda-Valdes, Dermatologica Sinica 36 (1), septembre 2017
- Managing sleep and fatigue with epidermolysis bullosa – DEBRA UK