Dans l’épidermolyse bulleuse (EB), bien que les manifestations cutanées soient les plus visibles, d’autres symptômes sont parfois sous-estimés. C’est le cas de l’alopécie, une complication associée aux formes jonctionnelles et dystrophiques de la maladie, à l’impact considérable sur la qualité de vie des patients.
L’alopécie dans l’EB découle le plus souvent d’une atteinte profonde de la jonction dermo–épidermique, qui touche les follicules pileux (où se forment les cheveux) qui a la même structure que la peau. Chez les patients concernés, plusieurs mécanismes peuvent entraîner une perte de cheveux :
L’alopécie dans l’EB se manifeste sous plusieurs formes :
Zone d’appui, en particulier chez les enfants qui passent beaucoup de temps allongés, l’arrière du crâne est une zone souvent concernée. À force de frottements et de pressions, des cloques s’y développent, qui peuvent entraîner une perte définitive des cheveux. D’autres zones peuvent aussi être touchées de façon plus diffuse. Dans certains cas, la perte est temporaire, mais si les cloques sont répétées et profondes, les dommages peuvent être permanents.
Une perte de sourcils et de cils peut s’y ajouter chez certains patients, avec un retentissement esthétique non négligeable.
La gestion de cette complication nécessite une approche douce, préventive et centrée sur le confort.
Prévention des traumatismes
Soins du cuir chevelu
Les patients EB sont suivis par plusieurs médecins (dermatologue, généraliste ou pédiatre, voir conseiller capillaire). Plusieurs types de traitements pourront être envisagés :
Dans les cas d’alopécie cicatricielle étendue, les greffes capillaires sont contre-indiquées du fait de la fragilité cutanée. En revanche, des prothèses capillaires sur mesure peuvent être proposées, avec un système d’attache non agressif, une prise en charge au moins partielle par l’assurance-maladie est possible avec une ordonnance.
La perte de cheveux, surtout chez les enfants et les adolescents, peut entraîner un isolement, une baisse de l’estime de soi, voir une dépression. Une prise en charge psychologique adaptée, en lien avec le dermatologue, est essentielle.
Les travaux de recherche concernant l’épidermolyse bulleuse se concentrent sur les possibilités de thérapie génique et de réparation cutanée chez les patients atteints. Bien que ces traitements ciblent principalement la régénération de la peau, ils pourraient à l’avenir contribuer à préserver l’intégrité des follicules pileux.
Mieux comprendre le rôle des protéines d’adhérence dans le cycle pilaire pourrait aussi ouvrir la voie à des thérapies ciblées, visant non seulement à restaurer la fonction cutanée, mais aussi à préserver la structure pilaire et la qualité de vie des patients.
Sources :
Alopecia in epidermolys bullosa, Antonella Tosti, Bruna Duque-Estrada, Dédée F. Murrell, Dermatologic clinics, 2010
Pathogenesis and clinical features of alopecia in epidermolysis bullosa, Danica Xie, Asli Bilgic-Temel, Nada Abu Alrub, Dédée F. Murrell, Pediatric Dermatology, 2019
Clinical manifestations of alopecia in autoimmune blistering diseases: a cross-sectional stydy, Danica Xie MD, Asli Bilgic MD, Nada Abu Alrub MBBS, Özlem Dicle MD, Dédée F. Murrell, JAAD International, Volume 10, March 2023
Junctional EB, Debra International
Dystrophic EB, Debra International